
20 Sep La naissance de Timothée – 20 septembre 2013
J’ai longuement réfléchi à la manière de raconter l’accouchement de Timothée, si bien que cela fait déjà 1 mois et demi qu’il est avec nous.
Je n’avais pas envie de faire un décompte à la minute qui se serait résumé à peu près à ceci: 23h: « Oh, une contraction que je sens fort…Yannick, il va falloir y aller sans doute bientôt…. Non, ça n’a pas l’air d’augmenter, tu peux aller te coucher »… 3h30 : du matin, ça devient douloureux toutes les 10 minutes : »Yannick, il faut te réveiller, c’est pour aujourd’hui…. En fait, retourne te coucher, Bénédicte a dit que j’avais une belle voix 😉 et que je pouvais encore attendre une peu ».
4h30, j’ai mal : « Yannick, tu dois te réveiller, il faut partir ». Départ à 5h après une douche pour lui et l’arrivée d’une amie pour s’occuper des filles (mille merci encore). « Yannick, ça fait maleuh…. ».
Arrivée à la maison de naissance à 5h30 et selon les sources, bébé est sorti à 5h45 ou 6h, en quelques poussées.
Bon, ben, c’est fait quand même 😉 mais ma version minutée longue, est plus longue encore;-). Ce que je retire de cette version: apprendre à toujours écouter plus mes besoins dans ce genre de situation. Pour profiter de la maison de naissance, j’aurai du partir à 3h30 mais bon un bain en pleine nuit, juste pour profiter c’est bof et puis je laissais ainsi dormir Bénédicte et Yannick encore un peu 😉 mais quand même… Pour ne pas souffrir le martyr dans la voiture, je n’aurai pas du laisser Yannick prendre sa douche… La prochaine fois donc et pourquoi pas à d’autres moments aussi, être plus à l’écoute de moi-même 😉
Au-delà des faits, ce que j’ai cette fois envie de vous raconter et de laisser en mémoire pour mon petit homme, c’est l’incroyable voyage entre force et douceur au creux d’un océan assez douloureux.
Force d’abord profondément enfouie dans notre humanité de femme, force qui ne demande qu’à surgir pour nous aider à donner vie. Une force qui prend son ampleur aux moments où nous avons l’impression que ça devient trop dur, que nous n’aurons plus le courage de tenir la douleur. Dans mon expérience de l’accouchement, se lie à ma propre force, celle de mon tout petit, si désireux de voir enfin le soleil se lever.
Force ensuite, issue de la présence de Yannick à mes côtés, tel un roc, me portant littéralement et littérairement dans ses bras.
Force enfin, grâce à la présence des sages-femmes, Bénédicte, Agathe et Maud. Quelle confiance elles ont eu en moi, en ma capacité à savoir ce qu’il se passait et comment je pouvais aider mon bébé à naître.
Cette force quasi primitive a trouvé elle-même source et réconfort dans les nombreux instants de douceur qui parsèment un accouchement. Oui, oui, vous avez bien lu, de douceur.
Douceur d’abord, propre au déroulement de l’accouchement. J’ai pu, entre les contractions, pleinement profiter des moments de repos que notre corps nous offre. Seule, puis avec l’aide de Yannick, j’ai pu être dans « ma bulle », dans une atmosphère et une attitude propice à accueillir sereinement contractions et temps calmes et ainsi à pouvoir reprendre force entre chaque contraction. Jusqu’à 4h, avant que la phase finale se mette en route, j’accueillais aussi les contractions comme des amies qui me rapprochaient toujours plus de mon bébé (après 4h, c’était plutôt « fait ton travail et fiche moi la paix, fichue contraction »:-)). C’est une expérience bien différente que celle d’essayer à tout prix de trouver la position pour avoir moins mal, qui n’est pas toujours celle qui aide bébé à naître. Expérience d’accueil qui m’a permis d’être pleinement présente à mon bébé dans son chemin vers le jour.
Douceur, dans les paroles et les mains de Yannick. Lors du trajet en voiture, durant lequel ma « bulle » a un peu éclaté et où la douleur me semblait si ardue, ses paroles m’encourageaient à tenir le coup. Et surtout à la maison de naissance, quelle qualité de présence il m’a offerte, me soutenant, me massant, me disant tout son amour. Je n’ai pas accouché, nous avons accouché. Merci mon mari ! Je t’aime.
Douceur, dans la présence des sages-femmes qui évoluaient comme dans un cocon ouaté autour de nous et surtout aussi pour l’après naissance: j’ai l’impression d’avoir pu redescendre tranquillement de ma bulle et elles ont tout fait pour que la délivrance, les petits soins soient le plus rapide possible, les plus respectueux de mon corps. Quelle joie après avoir accouché de pouvoir passer de ma bulle à un lit douillet qui pouvait accueillir Yannick à nos côtés. Merci mes bonnes fées! Et merci aussi à Evelyne, qui nous a aussi accompagnés, particulièrement pour la rencontre sur la douleur qui m’aura finalement bien aidée le jour J.
Enfin, douceur de Timothée. Si je devais retenir une image de cet accouchement, je retiendrai celle-ci. Lorsque la tête de mon bébé est sortie, accouchant à quatre pattes, j’ai pu facilement la toucher. Découvrir déjà sans le voir, ce petit être. Et que de douceur dans cette découverte. J’ai pu profiter d’un temps de répit entre deux poussées, pour caresser le somment de sa tête, tout couvert de cheveux. C’est si doux les cheveux d’un bébé. J’ai été surprise et charmée par la douceur découverte qui a fait de ce moment un instant d’éternité. Dans les faits, il n’a pas du durer bien longtemps mais dans mon expérience, le temps fut un instant suspendu et j’ai gouté la VIE pleinement.
Timothée, après la poussée suivante, s’est retrouvé paisiblement sous moi, accueilli par les paroles de son papa qui a de suite vu les attributs du jeune homme: » Bienvenue Timothée ». Perdue dans son regard tout étonné de voir, j’ai aimé entendre ses paroles. Oh, nous avons un fils….
Merveille que ce moment de la rencontre où tout s’apaise, où tout prend sens, où un instant nous sentons intensément que quelque chose nous échappe dans ce miracle de la vie et que nous devenons les dépositaires d’un précieux don, d’une petite vie à aider à grandir.
Bienvenue Timothée, merci à toi de faire de nous, à nouveau, d’heureux parents.