L’arrivée d’Alia – 8 juillet 2013

L’arrivée d’Alia – 8 juillet 2013

Dès que nous avons appris que tu grandissais en moi, ton papa et moi avons souhaité t’accueillir à la maison de naissance de Namur, comme ton grand frère. La rencontre avec lui avait été si belle, si tendre et intime dans ce cocon particulier, accompagnés par Evelyne, que nous espérions y retourner pour ton arrivée.

Je craignis un peu au cours de ma grossesse de ne pas arriver jusqu’au terme, je me reposais donc beaucoup pour atteindre les 37 semaines nécessaires afin d’accoucher à la MDN. Vers la fin du 9e mois, tout se présentait au mieux et nous n’attendions plus que ton signal pour nous y rendre. Le matin du 2 juillet, alors que nous venions de conduire ton frère à la crèche, je ressentis des contractions douloureuses toutes les 20 minutes pendant une bonne heure. Papa et moi imaginions déjà que tu arrivais… mais après quelque temps, tout se calma : tu décidas de rester encore au chaud. Papa  et moi profitâmes de cette semaine-là pour ranger et nettoyer la maison, passer du temps avec ton frère, préparer tes petits vêtements et nous reposer autant que possible.

Le lundi 8 juillet, c’était mon anniversaire de 33 ans, je remarquai des contractions en conduisant ton frère à la crèche avec Papa. De retour à la maison, elles se rapprochèrent : elles n’étaient plus espacées que de 15 minutes. Je pris un bain « test » pour différencier cet épisode d’un éventuel faux travail et après environ 2 heures, tout se calma. Papa n’osait pas proposer la moindre activité, de peur de tout déclencher, mais j’insistais pour sortir et profiter de cette première chaude journée d’été après un printemps maussade pour aller chercher le sable qui manquait encore pour terminer le bac à sable de ton frère, au jardin. Nous eûmes juste le temps d’aller l’acheter  avant de partir pour notre rendez-vous de 16h à la MDN pour le monitoring de la 40e semaine.

Evelyne constata que d’après le monito, je n’avais pas vraiment de contractions, les douleurs que je sentais de temps à autre étaient plutôt une sorte de tension qui durait plusieurs minutes. Ton cœur battait parfaitement et mon col était ouvert à 4 cm, mais comme nous l’expliqua Evelyne, cela n’était pas indicatif de la proximité de l’accouchement : tu pouvais arriver le soir même, ou au contraire prendre encore des jours avant de t’annoncer. Nous rentrâmes donc à la maison vers 17h, pour chercher ton frère à la crèche. Sitôt de retour, Papa se lança dans le remplissage du bac à sable pour le plus grand plaisir de ton frère. Je m’assis à l’ombre du parasol d’où je prenais des photos des travaux sabliers. Je continuais à sentir des contractions éparses, douloureuses mais très supportables, comme j’en avais ressenti de temps à autre les derniers jours et surtout le matin même.

Vers 19h20, je décidai d’aller prendre un bain « test » et en même temps de laver ton frère de tout le sable dont il était rempli.  J’rentrai dans l’eau vers 19h45, et je crus d’abord que le travail s’était arrêté car les contractions rapprochées de 10’ connurent une brève pause. Puis, vers 20h05, elles reprirent. Elles étaient douloureuses, mais encore supportables : je n’osais pas encore croire que c’était bien toi qui t’annonçait. Entre-temps, Bonne Maman était arrivée pour me souhaiter bon anniversaire ; Papa lui demanda de s’occuper de ton frère ce soir-là. J’appelai Evelyne à 20h44, pas encore persuadée que le véritable travail était en route. Comme je doutais, elle me proposa de la rappeler quelques minutes après, au milieu d’une contraction, pour qu’elle puisse m’entendre. Comme je raccrochai, ton Papa me dit « Tu doutes encore que ce soit ça ? Moi pas ! ». Soudain je réalisai qu’il serait hautement improbable de voir des contractions aussi fortes s’arrêter tout d’un coup.  A 21h, j’embrassai  ton frère qui partait dormir chez Bonne Maman, et je rappelai Evelyne en lui disant « Maintenant je ne doute plus, on arrive ! ».

Le temps de rassembler nos esprits et de fermer la maison, nous démarrâmes vers 21h10. Les contractions étaient de plus en plus rapprochées, entre 8 et 5 minutes. Papa trouva encore l’énergie de plaisanter « heureusement que le rodage de la voiture est fini, on va pouvoir foncer », mais il n’en menait pas large. Je tentai de le rassurer en lui disant « au moins, elle n’aura pas le même anniversaire que moi, elle naitra le 9 » et lui, avec beaucoup de doutes dans la voix, « ah tu crois ? ». Sur le chemin, les contractions se firent de plus en plus fortes. Arrivés sur les hauteurs de Bouge, je me tordais dans la voiture aux côtés de ton Papa, inquiet et hyper-concentré sur la conduite.

Nous arrivâmes vers 21h35 à la MDN où Evelyne nous attendait tandis qu’un autre accouchement était en cours. J’étais tellement émue que je me mis à pleurer dans ses bras, puis je rassemblai mes forces pour grimper l’escaler entre deux contractions. Papa me fit couler un bain où je me plongeai sans attendre, puis Evelyne m’examina et m’annonça que le col avait 8 cm d’ouverture ! Je n’en revenais pas, mais je n’eus pas le temps de réaliser : les contractions se succédaient si rapidement que je n’avais presque aucun répit entre deux. Je demandais à boire, j’avais soif, mais j’avais du mal à trouver quelques secondes sans contraction pour pouvoir boire une gorgée à la paille. J’étais submergée par la douleur et j’avais beaucoup de mal à me détendre pour accueillir les contractions et les laisser agir, alors Evelyne resta à mes côtés pour m’encourager et me rappeler de respirer calmement, de penser à toi, mon petit bébé qui arrivait, et d’être à tes côtés dans les contractions. Les quelques fois où je parvins à me calmer, la contraction passa bien mieux.

Dès notre arrivée, évaluant que tu serais le premier des deux bébés à naitre cette nuit-là, Evelyne apporta le chariot de naissance. Ton Papa ne lâchait pas ma main, il me parlait sans cesse et m’expliquait ce qui se passait. « Tu es en train d’accoucher, on va avoir un bébé, bébé est presque là, tu fais ça très bien, ça va super vite, elle sera bientôt là… » C’était bien utile car tout allait trop vite pour que je réalise. Je sentis un moment un « plop », comme le bouchon d’une bouteille de champagne qui saute, et Evelyne me signala que je venais de perdre les eaux. Quelques minutes après, elle me dit que je devais choisir d’accoucher dans l’eau ou sur le lit. Je répondis qu’on avait encore le temps, surement, pour décider ça ? Et ton Papa me dit que non, que tout allait très vite et que tu serais bientôt là… je choisis de sortir du bain et je me mis à quatre pattes sur le lit pour pousser, pendant que les mains de Papa me réchauffaient le ventre pour aider les contractions à passer. Je poussai 4, 5 fois : je sentais tout mon bassin s’ouvrir, ta tête passer  et soudain, Evelyne guida ma main pour sentir ta tête entre mes jambes. Une dernière poussée, et tu étais là. Tu crias aussitôt. Je me couchai sur le dos et Evelyne te posa sur moi. Il était à peine 22h23. Papa et moi étions si émus et bouleversés par ton arrivée ! Surpris aussi, par sa rapidité. Quelques minutes après, après avoir ouvert un œil pour regarder mon visage, tu trouvas le sein et pris ta première tétée. Tu tenais très bien ta tête. Papa se mit à appeler tes grands parents pour leur annoncer ton arrivée ; la plus surprise fut Bonne Maman qui en nous quittant à 21h n’imaginait pas être grand-mère moins de deux heures après. Tous étaient heureux et émus d’apprendre la nouvelle et de découvrir ton prénom.

Cette nuit-là, tu dormis entre nous dans le grand lit où tu étais née.  Nous passâmes une grande partie de la nuit à te regarder dormir ; je n’osais pas m’endormir car je voulais veiller sur ton sommeil. Tu pris un bon nombre de tétées avant le matin. Nous rentrâmes à la maison le soir vers 16h, à temps pour chercher ton frère à la crèche : il ne s’était même pas vraiment aperçu de notre absence.

Comme pour ton grand-frère, ce fut Evelyne qui accompagna ta naissance et t’accueillit. Sa présence, ses encouragements, son accompagnement de ton arrivée furent précieux, attentionnés, attentifs et bienveillants.  Nous sommes aussi reconnaissant envers elle, Bénédicte et les autres SF pour leur accueil et leur chaleur tant au long de ma grossesse que lors de ton arrivée. Et qui sait, peut-être aurons-nous encore l’occasion de retourner un jour à la maison de naissance…