24 Août Naissance de Luce – 24 Août 2011
Ma puce. Tu es là depuis 3 mois maintenant, tu souris et tu gazouilles : le temps passe à une vitesse folle !
J’essaie d’écrire ces mots depuis plusieurs semaines. Ils sont difficiles à trouver, tant ta naissance a été magique, et nous a réconciliés, ton papa et moi, avec une partie de nous-même. Quand nous nous sommes aperçus que nous t’attendions, la Maison de Naissance a été une évidence. Je voulais être acteur de ta naissance, je voulais être avec toi, tout le temps. Je ne voulais pas que ta naissance soit médicalisée, comme ça a été le cas de celle de ton grand frère. Bénédicte, Marie-Christine et Evelyne, petites fées, nous ont accueilli, avec nos doutes, nos peurs, nos questions, mon obstination (!) et notre grand besoin de rassurance : évidemment, on y arriverait ! Petit à petit, elles ont tissé un cocon de douceur et de réalité autour de nous quatre. Petit à petit, avec patience, elles ont recueilli nos craintes, et elles les ont détricotées, avec nous. Petit à petit, tu grandissais, et notre confiance en nous aussi. Petit à petit, je me suis sentie devenir forte. Nous sommes mi-août à présent. Tu as le hoquet très souvent (et ça n’a pas changé !) Je suis lourde, et depuis plusieurs semaines déjà je me languis de te voir. Mes craintes reviennent : et si tu dépasses le terme, comme Brieuc ? Et si tu dois venir à l’hôpital ? Et si ta naissance nous échappe ? Heureusement que les petites fées sont là, et qu’elles m’apprennent à lâcher prise : tu sais ce qu’il y a de mieux, je dois te faire confiance. Je dis souvent à Brieuc que, bientôt, « le bébé » va manquer de place dans le ventre de maman, qu’il va sortir. Nous voulons que lui aussi participe à ta naissance, à sa manière. Tu es attendue le 29 août. Je t’espère plus tôt, et en même temps, j’ai du mal à arrêter de travailler. Je suis une tête de mule ! Le 23, je vois Bénédicte, pour un monitoring. En la quittant, on se dit « à jeudi » ! Puis, je file chez Pascal, notre ostéopathe. En chemin, j’essaie d’appeler ton papa : pas moyen de le joindre, heureusement que je n’accouche pas ! Je rentre à la maison, je m’occupe de Brieuc, je l’embrasse fort avant d’aller faire dodo, avec cette curieuse sensation dans le dos… Pendant la soirée, des contractions… Chouette ! On essaie de noter l’intervalle, mais ton papa et moi n’avons jamais été très rigoureux avec l’heure… Je tricote, je suis bien. Pourtant, impossible de dormir ! A minuit et demi, je réveille ton papa. On descend, il prépare les dernières petites affaires, et puis on attend. On regarde l’heure, il me dit d’appeler Bénédicte, mais j’ai peur que ce soit un faux travail, je ne veux pas réveiller Brieuc, Bénédicte, Cécile et Pascal pour rien ! A 2h, plus moyen de se tromper, les contractions sont bien là, douloureuses mais supportables. On appelle Bénédicte, on tire Cécile et Pascal de leur lit, on enveloppe notre petit bonhomme et on quitte la maison. Dans la voiture, on explique à Brieuc qu’on va te chercher, que c’est le moment, que maman a mal au ventre parce que tu dois sortir… Et puis je perds une partie des eaux (merci Marie pour le bon conseil-voiture). Cécile et Pascal nous attendent, heureux. Thibault décharge les affaires de Brieuc, j’essaie de lui faire un câlin, les contractions sont intenses. On lui dit au revoir, à tantôt mon chéri ! Nous partons. Papa roule vite ! Nous sommes à la Maison de Naissance. Bénédicte arrive une dizaine de minutes après nous. Il est 3h30, je suis à 6 bons cm. Ca y est ! Mes doutes, mes craintes ont disparu : je viens te chercher, tu arrives, papa t’attend, nous y sommes arrivés, ensemble. C’est dur, j’ai mal, je hurle, mais je suis heureuse. Ton papa et moi sommes ensemble, Bénédicte nous entoure, Pascale arrive. Les deux heures qui suivent sont comme ouatées : je suis dans une sorte de brouillard, tout en étant extrêmement consciente. Conscience accrue des mains qui me massent le dos, avec une douceur infinie, conscience de la moindre parcelle de mon corps, conscience de la présence attentive de Bénédicte, fusion avec Thibault, fusion avec toi, qui avance vers nos bras. Il est un peu plus de 5h. J’ai l’impression de tu écartes les os de mon bassin pour descendre, tu me fais comprendre qu’il est temps. 1, 2, 3… « Viens le chercher ! » me dit Bénédicte. Et je t’attrape, et tu es là, merveilleux bébé. Ton papa rayonne. Il est 5h30, le 24 août. Instant d’éternité. On se recouche. Ton papa coupe le cordon. Bébé-surprise, tu es tellement serein, tellement paisible, tout à notre bonheur, ni papa ni moi n’avons regardé si tu étais un garçon ou une fille ! Et là, émerveillés, nous te regardons longtemps avant de soulever les couvertures… Luce, petite lumière. Merci, ma puce, d’être là. Merci, Brieuc, d’être toi, si attentif. Merci, Thibault, d’avoir accepté cette part d’inconnue. Merci d’avoir mis notre petite fille au monde ensemble. Merci, Cécile et Pascal, pour votre amour.
Merci, petites fées, de permettre l’existence de la Maison de Naissance. Vous faites de la magie au quotidien.
Anne-Catherine, Thibault, Brieuc et Luce. |