10 Juin Naissance de Samir – 10 juin 2011
Histoire d’un cheminement familial
Le choix de la maison de naissance ne fut pas une évidence pour nous. Ton papa craignait l’éloignement d’un milieu très médicalisé, moi j’avais envie de t’accueillir ailleurs qu’à l’hôpital, mais j’avais peur des conséquences en cas de complication. Après une première rencontre avec Evelyne, j’étais assez convaincue que ce milieu me conviendrait mieux que l’hôpital, mais ton papa était encore un peu dubitatif.
Nous avons donc choisi d’entamer un suivi à la MDN afin de nous laisser le temps d’y réfléchir d’apprivoiser l’idée d’une naissance là-bas. Parallèlement, ma grossesse était suivie ‘classiquement’ à St Pierre, Ottignies. Au fil des mois et des rencontres avec les sages-femmes de la MDN, nous nous sentions de plus en plus à l’aise avec l’idée d’un accouchement à la MDN. La froideur de certains médecins et la rapidité des rendez-vous à l’hôpital nous laissait décontenancés et un peu perdus face aux multiples questions que cette première grossesse suscitait. Au contraire, à la MDN, nous avions le temps de poser toutes les questions qui nous venaient, mais aussi d’être écoutés sur les aspects physiques et psychologiques de la grossesse, de l’accouchement et même de notre « parentalité » future. Les questions des sages-femmes, toujours judicieuses, nous permettaient parfois d’aborder des sujets un peu délicats ou d’évoquer avec un tiers des questions pas toujours évidentes à discuter à deux.
Les soirées thématiques de la MDN nous aidèrent beaucoup aussi. Nous avions assisté à une soirée similaire à Ottignies sur la douleur : après avoir suivi celle d’Evelyne sur le même thème à la MDN, il nous parut clair que celles de la MDN étaient plus riches, plus intéressantes et remplaceraient avantageusement celles d’Ottignies.
Au fil des rencontres à la MDN, il était de plus en plus évident que c’était là que nous souhaitions t’accueillir. Autour de nous, ce projet suscitait des réactions mitigées, souvent étonnées, parfois dubitatives. Face aux commentaires décourageants ou carrément hostiles de certains, nous avons finalement décidé de garder notre projet discret et de ne l’évoquer qu’avec les plus ouverts de nos proches.
Grâce aux bons conseils et aux encouragements des sages-femmes et de ton papa, je réussis à atteindre 37 semaines en pleine forme. Nous étions soulagés d’avoir atteint la date limite d’accueil à la MDN, et impatients de t’accueillir !
Le 9 juin, vers 18h, je remarquai quelques douleurs bénignes. J’attendais ta naissance avec tant d’impatience que je n’osais pas trop y croire. Cela faisait déjà plusieurs semaines que je guettais chaque signe en espérant ton arrivée, alors je n’osais pas trop m’emballer. A 20h, les douleurs étaient devenues un peu plus fortes et je décidai d’aller prendre un bain chaud, comme conseillé pour différencier le faux travail du vrai. Mes contractions ne s’arrêtèrent pas, mais je doutais encore que ce soit véritablement l’accouchement qui se préparait A 21h, Rémy (qui n’avait plus trop de doutes, lui, quant à l’imminence de l’événement), me convainquit de téléphoner à Evelyne. A 22h mes contractions étaient fortes et rapprochées, il n’y avait plus de place pour le doute (même si j’avais encore du mal à le réaliser). J’entrais peu à peu dans un état second contre auquel je me laissais entièrement aller, je m’efforçais de rester « dans le coton » suivant les conseils de la préparation à la naissance que nous avions fait avec Bénédicte. Mes communications avec l’extérieur de cette bulle se réduisirent au minimum. Je n’étais plus tout à fait consciente de la réalité autour de moi et je me laissais guider. Rémy m’encourageait sans relâche malgré sa propre anxiété.
Nous arrivâmes à la MDN vers minuit. Evelyne nous accueillit dans le calme et la sérénité. J’étais déjà 4 centimètres. Ton Papa ne lâchait plus ma main et la force qu’il me communiquait m’aidait à tenir bon. Evelyne me fit couler un bain dans la spacieuse baignoire de la MDN et l’apaisement que me procura l’eau chaude m’aida énormément à supporter la douleur. Sans ce soulagement procuré par ce bain, j’ignore comment j’aurais supporté les contractions de plus en plus fortes. Je passai l’essentiel de mon travail dans ce bain, encouragée par Evelyne et Rémy qui ne me quitta pas un instant.
Evelyne allait et venait, vérifiant régulièrement que tout se passait bien tout en nous laissant vivre à deux ce moment précieux et intime. Il n’était pas facile d’appliquer les conseils de Bénédicte pour traverser la douleur de chaque contraction, mais lorsque j’y arrivais j’avais la sensation de « surfer sur la vague » de la contraction plutôt que d’être engloutie par elle. Je visualisais chaque contraction comme une bouée : j’essayais de plonger en son centre, et lorsque j’y parvenais je la surmontais sans lutter. Entre chaque contraction, je me laissais aller dans les mains de Rémy qui soutenait ma tête et je m’endormais presque, j’oubliais tout au point que j’étais étonnée de réaliser que j’étais en train d’accoucher quand je reprenais conscience. Je tentais d’accueillir la contraction suivante en résistant le moins possible. De temps en temps, dépassée par la douleur, je n’y parvenais pas et je subissais la vague de la contraction sans parvenir à « surfer » dessus. A ces moments là, j’avais l’impression de perdre pied, de me noyer dans ma douleur. A la contraction suivante, je visais à nouveau ma « bouée ».
La présence rassurante d’Evelyne et de Rémy dans l’ambiance tamisée de cette pièce avec un fond de musique douce me permirent d’arriver au bout du travail en quelques heures. Peu avant 3 heures, Evelyne m’informa que le col était dilaté et effacé ; la poussée pouvait commencer. Ce fut un soulagement : les contractions étaient plus supportables en poussant, et je m’installai sur le lit, d’abord à quatre pattes, appuyée sur un ballon. Après quelques poussées, brusquement, un liquide chaud éclaboussa brusquement mes jambes et le lit : je venais de perdre les eaux. J’avais tout à fait oublié la poche des eaux et je fus assez surprise.
La douleur se précisa au creux de mes reins, et le massage d’Evelyne dans mon dos m’aida beaucoup. Peu après, Evelyne me dit que ta tête paraissait. Rémy me confirmait qu’il la voyait, ainsi que tes petits doigts : tu naissais la main droite en avant ! Pascale, seconde sage-femme, arriva peu de temps avant ta naissance. Elle m’offrit le support de sa robuste épaule pour appuyer mes pieds pendant les dernières poussées. Tu crias alors que tu étais encore à demi dans mon ventre, comme me raconta ton Papa. A la poussée suivante, Pascale te cueillit dans ses mains puis te posa sur moi, ton cordon palpitant encore relié à mon ventre.
Ton Papa et moi étions tellement émus ! Un quart d’heure plus tard, après quelques tâtonnements, tu trouvas mon sein et pris ton premier repas. Enfin, épuisé par ta traversée et ces émotions, tu t’endormis pour une douzaine d’heures !
Ton Papa et moi sommes très heureux d’avoir pu réaliser notre projet de naissance à la MDN et très reconnaissants de l’accueil, de l’écoute, du suivi et des soins reçus. La maturation de ce projet nous permit de mieux nous connaitre l’un l’autre, de nous confronter à des questions intimes et de faire un choix très personnel pour ta naissance. Ce choix nous convenait parfaitement, à tel point que, si la nature le permet, nous prévoyons déjà d’y retourner pour ton petit frère ou ta petite sœur …