Naissance de Marco- 23 mars 2011

Naissance de Marco- 23 mars 2011

Déjà 4 mois que nous formons une petite famille et les souvenirs de ta naissance s’effacent peu à peu ; vite il faut que j’écrive avant d’avoir tout oublié.

Cela fait déjà 4 jours que le terme est dépassé. Tous les remèdes y passent : homéopathie prescrite par M-Christine, huile d’onagre, méthode italienne, viande de bœuf et pâtée de campagne à tous les repas…rien n’y fait, tu restes blotti au chaud dans le ventre de maman. Nous sommes bien comme ça tous les deux, rien ne presse, le jour que nous avions secrètement choisi n’est pas encore arrivé.
Par ce beau mardi de printemps, nous partons faire les courses comme tous les matins depuis une semaine ; il ne faut manquer de rien le jour J, les placards et le frigo sont pleins. La maison est plus propre que jamais. Après une petite sieste matinale, nous faisons notre grande promenade au pas de course comme tous les jours depuis déjà un mois, c’est Arena qui est heureuse de cette habitude. Je te raconte l’odeur de la nature, les oiseaux qui tournoient dans le ciel, le soleil qui me caresse le visage en me disant que ça devrait te décider à pointer le bout de ton nez. Puis je t’explique ta naissance, j’essaie de te rassurer, je te dis que nous serons tous les deux et que papa, Bénédicte et M-Christine seront là pour nous aider.
Nous rentrons, j’appelle Bénédicte pour prendre rendez-vous pour le monitoring de jeudi mais je lui dis que nous nous verrons sans doute avant pour ta naissance.
Rien n’a changé et pourtant je suis persuadée que demain sera le grand jour. Nous allons nous coucher comme tous les soirs, pas une contraction, me serais-je trompée?
A 4h30, une contraction me réveille, elle n’est pas vraiment douloureuse. Alors j’essaie de me rendormir en me disant que si le travail a vraiment commencé je ne trouverai pas le sommeil. Puis les contractions commencent à se succéder, régulières, douces mais suffisamment intenses pour que je ne replonge pas dans le sommeil. Une heure plus tard, je me décide à attraper le portable pour chronométrer le temps qui s’écoule entre deux vagues : 6 minutes, je suis contente, on dirait que ce sera pour aujourd’hui. 6h30 : je me plonge dans un bain pour vérifier que les contractions ne disparaissent pas…toujours 6 minutes, le travail a bien commencé. Jose se réveille, il est tout excité!
8h : l’heure me semble convenable pour appeler Bénédicte et la prévenir que nous arriverons certainement dans la matinée. Elle me dit de prendre mon temps et de la rappeler lorsque nous démarrerons de la maison. Jose part acheter le pain, je prépare le petit-déjeuner, rassemble les affaires, sort le Kougelhopf que j’avais préparé pour ta naissance du congélateur. Je suis obligée de m’assoir ou de m’accroupir à chaque contraction, elles me coupent le souffle, elles se sont rapprochées : 4 minutes.
Nous déjeunons puis je décide de rappeler Bénédicte, il faut que nous partions, nous avons 3/4 d’heure de route et il est 9h, j’ai peur de tomber dans les bouchons et les contractions se sont intensifiées d’un coup. Nous nous donnons rendez-vous à la maison de naissance à 10h.
Nous voilà partis, nous sommes sur un petit nuage, à chaque contraction je m’agrippe à la poignée au-dessus de la vitre. La circulation est fluide. Nous arrivons plus tôt que prévu à Namur, Bénédicte n’est pas encore arrivée, c’est M-Christine qui nous accueille. Je monte enfin cet escalier vers la chambre où tu verras le jour, j’ai rêvé si souvent de ce moment ces 9 derniers mois. Nous y voilà enfin.
2cm d’ouverture ce n’est pas très encourageant mais M-Christine me dit que ce sont les plus longs et les plus difficiles, bébé devrait arriver aujourd’hui. Elle nous laisse nous installer, me propose de me changer, de me promener dans le jardin et Bénédicte, qui nous a rejoints entre temps (après un petit tour chez le coiffeur, elle s’est faite toute belle pour t’accueillir) nous demande ce que nous voulons manger à midi 🙂  avant de partir au marché. Mais les contractions sont trop fortes et trop rapprochées pour que j’arrive à bouger de la chambre, je me dis que jamais je n’arriverai à descendre jusqu’à la cuisine pour manger et encore moins jusqu’au jardin. J’ai très mal au dos entre deux contractions, aucune position ne me soulage, jamais je ne tiendrai comme ça 10 heures ou plus. Je demande à José de me faire couler un bain, le chaleur m’aidera peut-être. Il est midi, Bénédicte vient m’ausculter et me dit que c’est très bon signe cette envie de prendre un bain…effectivement, 7cm. Quel soulagement, il me semblait bien que ça travaillait sérieusement. On oublie le repas, bébé sera là en début d’après-midi.
Bénédicte va se changer et va  prévenir M-Christine de la bonne avancée des choses. L’eau change tout, plus de douleur entre deux contractions, je récupère un peu mais les vagues sont plus fortes, plus longues, je me concentre sur bébé, je me dis que je veux qu’il ait une belle naissance qu’il ne souffre pas, je l’encourage et ça me donne beaucoup de force.
Puis tout à coup cette formidable envie de pousser, il faut que je sorte de la baignoire, je ne veux pas qu’il naisse dans l’eau (j’imaginais encore qu’en 3 poussées tu serais là, j’avais finalement le temps de sortir de la baignoire tranquillement…). Bénédicte m’aide à arriver jusqu’au lit, j’essaie de pousser à 4 pattes mais je n’ai plus la force, cette position m’épuise. Alors elle me propose le tabouret hollandais et l’écharpe, mes forces reviennent, cette envie de pousser est si puissante, ça me dépasse, j’ai envie de crier, ça me donne plus de force encore, c’est bestial, mon corps sait ce qu’il doit faire et il le fait avec tant de puissance, ça me dépasse, je n’en peux plus, je ne suis plus, j’ai trop chaud, j’ai soif, j’ai besoin d’une pause mais une nouvelle contraction me rappelle que je dois continuer. Bénédicte me dit que tu avances bien et me propose d’aller toucher ta tête, elle me semble encore si loin. M-Christine m’éponge le front, José pose une main rassurante, c’est bon de sentir leur présence mais je ne supporte plus le moindre contact, j’ai si chaud. Puis je sens tes pieds pousser pour te propulser, tu es là, tu as envie de naître, nous sommes tous les deux, il faut que je t’aide, je ne veux pas que tu souffres, cette idée m’obsède et m’encourage.
Je ne tiens plus debout, il faut que je me couche. Tu arrives, ça brûle, tu n’es plus loin, ça brûle encore mais tu ne parviens pas à sortir, ton rythme cardiaque baisse. Bénédicte me dit qu’elle est obligée de faire une épisiotomie, je ne veux pas, j’ai peur d’avoir plus mal encore, mais avant que je m’en rende compte, ta tête est là, tu bouges, tu vas bien. Papa jubile, tu es si beau. La prochaine contraction me semble tarder à arriver, je veux te serrer contre moi. Puis tu es là, tout entier, il est 14h20, j’ai besoin de te prendre contre moi pour te consoler, pour me consoler, pour nous reposer après cette tempête.
Le calme revient mais au fait quelqu’un a-t-il vu si tu étais une fille ou un garçon? Papa lève ta petite jambe, tu t’appelleras Marco.
Nos deux anges s’éclipsent et nous laissent en famille, nous sommes si heureux.
Un immense merci à cette formidable équipe que forment Bénédicte, M-Christine et Evelyne. Grâce à elles, nous avons vécu cette grossesse en toute sérénité et ta naissance a été encore bien plus belle que tel que nous la rêvions. Tout nous a semblé si facile, si naturel dans ce contexte ; nous n’avons jamais douté en nos capacités à être parents et en tes capacités à venir au monde grâce à l’incroyable soutien de toutes les sages-femmes de la maison de naissance.