Naissance de Hippolyte – 1 septembre 2010

Naissance de Hippolyte – 1 septembre 2010

Ce sera le 1er septembre…

 

Fin août 2010. Je me sens lourde mais si bien dans les rondeurs de ma grossesse, avec toi au creux de moi. Le terme est prévu pour le 1er septembre. Je profite pleinement des quelques jours de congé avant ton arrivée pour me faire plaisir et prendre du temps pour moi, juste pour moi.

31 août: je me rends à une séance de monitoring à la maison de naissance. Petite ouverture et col effacé. Bénédicte me dit que ça ne traînera pas trop, mais que ce ne sera pas pour demain non plus. Ces jours qui précèdent ton arrivée, mon bébé, sont vraiment des jours particuliers. Un mélange d’excitation, d’impatience, de crainte, et de nostalgie – oui, cette superbe grossesse – cet « état de grâce » – est déjà presque terminée.

L’appartement est bien rangé, la valise est presque préparée, tes petites affaires sont prêtes. Il ne manque plus que toi… Ce soir-là, nous regardons un très beau film, « Milk », conscients que nous passons nos dernières soirées « juste à deux »…

4h30, je suis réveillée par des tiraillements dans le ventre. Régulièrement, doucement. Je ne parviens pas à me rendormir. Je ne réveille pas Michaël, et commence à regarder les minutes qui s’écoulent entre les contractions. 10 minutes.

Vers 7h, je vais prendre un bain, pendant une bonne heure. Les contractions restent régulières… J’écris quelques mots dans mon carnet: « Y serait-on? Est-ce le grand jour? »…

Vers 8h, nous appelons Bénédicte, qui nous dit de rester chez nous pour le moment et qui nous prodigue quelques conseils au passage.

La matinée passe, Michaël reste près de moi. Nous continuons à noter les minutes entre les contractions, si excités d’être sans doute au fameux jour J. J’essaie de me rendormir un peu en fin de matinée, ma nuit a été écourtée et je voudrais avoir toutes mes forces pour ce qui semble s’annoncer! Je dors entre les contractions, qui sont toujours bien régulières et qui me réveillent.

Vers 14h, je commence à tourner en rond dans l’appartement. J’ai besoin de bouger. Nous mettons nos affaires dans la voiture et partons pour la maison de naissance. La route pentue avant la maison de naissance, avec quelques légers nids de poule, me semble être une piste complètement défoncée… 

Bénédicte nous accueille. Deux accouchements ont eu lieu cette nuit-là, mais heureusement, il y a quand même une chambre libre pour nous! Elle m’examine et me dit que j’ai une ouverture de 2,5 cm. C’est sans doute le vrai travail qui est en route, mais en attendant, elle nous propose d’aller nous balader dans Namur. Ce que nous faisons. Je trouve encore l’énergie de manger un morceau de bombe au chocolat du Pain quotidien ;-). Mais je suis mal installée sur ma chaise, la douleur est de plus en plus forte. Je me dis que ça risque encore d’être long, je propose donc à Michaël de faire un détour par la librairie pour acheter un bon bouquin. Pendant que la libraire nous conseille, je m’assieds, je souffle, les contractions se rapprochent (toutes les 5 minutes) et sont de plus en plus fortes. Nous retournons à la voiture, je prends régulièrement appui aux murs…

Quand nous arrivons à la maison de naissance, vers 17h, Bénédicte me dit: « Toi, tu as changé de tête… Monte… ».  Je gravis ces escaliers, en pensant que je pars vers ta rencontre, vers ta naissance, et quand je redescendrai, tu seras dans mes bras. C’est tellement incroyable… Nous nous installons dans la chambre et je me mets assez vite sur un ballon. Avec Michaël, nous accueillons chaque contraction, dans le calme et la tranquillité de l’endroit. L’image de la vague, qui va et qui vient, m’apaise. Une autre petite phrase est restée dans ma tête toute cette soirée et m’a beaucoup aidée: « Le meilleur moyen d’en sortir, c’est d’y rentrer ».  Bénédicte nous propose un petit souper, j’accepte volontiers. Elle remonte un peu plus tard mais finalement, je n’ai plus vraiment d’appétit. A l’auscultation, j’ai une ouverture de 6,5 cm. On progresse… Il est 20h, je n’ai plus la notion du temps. Je demande pour prendre un bain. Il est très chaud mais me fait du bien. Michaël et moi « gérons » mon travail, il m’est d’un si grand soutien. Bénédicte nous laisse quelques instants, discute avec Marie-Christine pour lui dire que tout va bien et que le travail avance bien. Marie-Christine vient nous dire au revoir mais entre-temps, j’ai perdu les eaux et rien ne va plus… je ne comprends plus rien à ce qu’elle me dit, je suis dans ma bulle…Mon col a « lâché » et ça y est, « ça » pousse. Marie-Christine dit à Bénédicte de remonter. Avec Michaël, elle m’aide à sortir du bain car je n’ai pas envie d’accoucher dans l’eau. Mes jambes ne me soutiennent guère, la douleur est vraiment puissante. La poussée me surprend, tant elle est forte également. Hélène nous rejoint. Je m’installe sur le côté, sur le lit. Notre bébé descend mais très lentement. Je passe par des moments de découragement mais les mots et les gestes si doux et si bienveillants des sages-femmes et de Michaël m’encouragent vraiment beaucoup. J’étais dans le flou (j’avais enlevé mes lunettes, je suis très myope), dans une bulle, mais j’ai un souvenir très précis de ce halo de douceur tout autour de moi. De la lumière rouge-orange de fin de soirée, au travers des voilages. De la musique que j’avais choisie pour m’accompagner ce soir-là. Beaucoup d’attention, de gestes tendres. Bénédicte me propose de m’installer sur le tabouret d’accouchement pour aider le bébé à mieux descendre. Ce que je fais, et je sens effectivement qu’il descend, d’un bloc. Je m’accroche de toutes mes forces pour accompagner la poussée à l’écharpe suspendue au plafond et j’ai l’impression de tirer tellement fort que je l’entends craquer… Hélène me donne de l’eau sucrée car la poussée est longue et je commence à m’épuiser; elle durera 1h45… J’ai besoin de m’étendre, je retourne sur le lit et on continue. J’ai l’impression que je ne vais jamais y arriver, que j’ai beau pousser de toutes mes forces, mon bébé reste à l’intérieur. J’ai la sensation d’être sur un plongeoir: il faut y aller mais j’ai un peu peur, j’ai fort mal et donc je me retiens un peu, je veux encore un peu de répit… Les sages-femmes perçoivent cela et me disent: « Pense à toutes ces femmes qui sont, à l’instant même, en train de donner la vie comme toi ». Cette pensée m’encourage. Je continue, encore et encore, à pousser. Plus doucement, pour ne pas causer de déchirure. On voit sa tête, mais elle disparaît, puis revient, disparaît et revient à nouveau… Finalement, elle sort mais mon bébé a le cordon enroulé autour du cou, avec une de ses petites mains qui passe dedans. Bénédicte et Hélène coupent le cordon mais la petite main gigote et gêne un peu. Je ne me rends compte de rien et n’entends rien. Puis quelques secondes plus tard, il est là, tout beau, tout chaud, sur mon ventre, il sent si bon, c’est notre bébé et il est enfin là! Il est 23h45…

Je le regarde mais regrette de ne pas avoir mes lunettes à portée de main pour mieux le voir, pour mieux croiser son regard. Nous ne savions pas si c’était une fille ou un garçon. Michaël, quelques minutes plus tard au milieu de cette bulle de bonheur, se pose la question et regarde, puis me dit – persuadé qu’il était que nous aurions une fille: « Je me suis trompé! » Et bien, ce sera donc notre petit Hippolyte… Je lui demande de prendre Hippolyte sur lui car j’ai besoin de retrouver un peu mes esprits et de récupérer quelques forces. Et d’expulser le placenta, aussi. Puis je reprends notre petit loupiot, et il se dirige vers mon sein. Il tête. Moment de pur bonheur. Tellement magique. Bénédicte nous laisse tous les trois. Nous passons la nuit à te contempler, petite merveille, petit bonhomme. En peau à peau, blottis tous les trois les uns contre les autres.

 

Le lendemain, Bénédicte nous amène un petit-déjeuner royal, que nous partageons avec elle dans la chambre. Nous nous reposons, profitons de ce lieu enchanteur et retournons chez nous en fin de journée. Nous sommes heureux de rentrer à la maison avec notre petit garçon mais avons quand même le cœur un peu serré de quitter cet endroit…

Nous sommes seize mois après ta naissance, mon petit Hippolyte. J’ai sans doute oublié certaines choses mais je garde le souvenir d’un moment empli de douceur et d’attentions. Je ne peux que nous souhaiter de revivre une telle expérience pour le(s) suivant(s).

La maison de naissance est vraiment un lieu magnifique, avec des sages-femmes à l’écoute des mamans (et des papas). Qui les éclairent dans le chemin de leur grossesse et qui les encouragent le jour de la naissance. Et qui continuent à être présentes après la naissance, toujours à l’écoute.

Un immense merci à elles. Particulièrement à Bénédicte et Hélène pour leur présence lors de la naissance d’Hippolyte, et pour toutes leurs attentions. A Pascale pour notre accompagnement à la maison, et tous ses conseils si précieux. A Christel pour son aide dans les moments plus difficiles de l’allaitement. Sans doute aussi un peu grâce à elle, mon petit bonhomme profite toujours du lait de sa maman…

Et mon amoureux, aussi, qui fut, malgré la construction de la maison, malgré le tendon d’Achille sectionné, toujours si présent, et qui m’a toujours apaisée en me transmettant sa sérénité, son calme et tout son amour…