04 Déc Naissance de Merlin – 4 décembre 2008
Avril 2008 : Gengoux est parti à Vienne pendant 10 jours pour le boulot et je soupçonne que le creux de mon ventre est habité… J’attends le retour de mon homme pour faire le test et… ben oui, un deuxième petit bout va venir agrandir notre famille.
La grossesse se passe bien mais c’est sûr que c’est beaucoup plus fatiguant parce qu’il y a Eglantine qui demande de l’attention.
Nous avons toujours le projet d’accoucher à la maison de naissance (ben oui, on ne change pas une formule « qui gagne »). On y fait beaucoup moins de préparations, ateliers ou autres rencontres parce que la vie va un peu trop vite et aussi parce qu’on sait déjà un peu… On s’essaye néanmoins au chant prénatal mais on laisse tomber assez vite… cela ne nous convient pas.
Les 35 et 36ème semaines de grossesse seront vraiment très difficiles pour moi. Eglantine a la varicelle et ne peut donc pas aller chez sa gardienne. Je suis crevée et très stressée parce que la limite pour donner naissance à l’Arche est de 37 semaines. Je ne veux pas que mon fils naisse trop tôt. Béné, sage femme de l’Arche, me rassure assez bien : « Tu ne vas pas accoucher maintenant, t’es bien trop fatiguée ! ».
Et puis arrive enfin le 24 novembre, premier jour de la 37ème semaine. Ouf, je respire ! Eglantine est guérie et peut retourner chez la gardienne. Je peux refaire des siestes les jours où je ne travaille pas… Mais attention, tout n’est pas zen pour autant… Fin de semaine, Gengoux anime une conférence à Bruxelles. La nuit du vendredi au samedi, il ne rentrera même pas pour dormir… De nouveau, le stress, l’organisation à prévoir pour garder Eglantine le samedi matin, la fatigue…
Le vendredi (27/11), j’ai plusieurs contractions. Une par heure à peu près… je mets un mot à Gengoux via l’ordi et on décide d’appeler Marie-Christine qui me dit que, ben oui, ça travaille, ça se met en place tout doucement. Mais que non, ce n’est pas pour tout de suite. Effectivement, ça ne fait « que » 4 contractions en 4 heures et puis ça s’arrête. Je vais même travailler le soir… Après coup, je me demande si ces 4 contractions ne sont pas dues au fait que je suis stressée par l’absence de Gengoux. Et puis, la naissance d’Eglantine ayant été tellement rapide, je suis à l’affût du moindre signe.
Le week-end se passe et je dirais même qu’il se passe bien. On est assez heureux de voir arriver le lundi 1er décembre parce qu’on peut comme ça imprimer les faire-part avec écrit dessus « le … décembre ».
Les jours se suivent, ponctués d’une ou deux contractions par jour ou par nuit, ça dépend. Le travail avance petit à petit, tout se met en place gentiment. On dit à notre fils qu’on est prêt, qu’il peut pointer le bout de son nez quand il veut (sauf le mercredi où son papa est au Luxembourg toute la journée pour son travail…).
Le lundi soir, on va à un atelier sur les douleurs animé par Evelyne. Et là, son argument sur la fatigue, grande copine de la douleur, fait mouche. J’ai envie d’arrêter de travailler le mercredi. J’hésite, je sais pas bien… Quand on se lève le mercredi matin pour aller conduire Gengoux à la gare, on découvre la neige. Là, je n’hésite plus : j’arrête de bosser. Je n’y vais pas. Je ne peux pas prendre le risque d’accoucher à l’école ou pire dans la voiture juste parce que je suis stressée.
Je profite de ces premiers jours de congé pour mettre la dernière main aux faire-part, re-préparer les petits vêtements, dormir… Eglantine étant chez la gardienne la journée, j’en profite pour cocooner à mon aise.
Jeudi soir, on récupère la puce chez sa gardienne. Elle est malade. Elle tousse, a le nez qui coule, une grosse molaire qui sort. Ma princesse est toute patraque. On la met au lit tant bien que mal mais elle se réveille, re-tousse… Vers 21h30, on lui redonne du sirop (une grande partie de la cuillère aboutira quand même sur les pieds de Gengoux !). Je me sens fébrile, j’ai les genoux qui tremblent. Que se passe-t-il ? Est-ce parce que mon premier petit rayon de soleil est malade ? Est-ce parce que mon second petit rayon de soleil se prépare ?
On se recouche enfin mon homme et moi. Et à 21h55, une contraction me tord le ventre, fait que j’agrippe la main de Gengoux qui m’aide alors à me prolonger en me parlant. On ne se tracasse pas trop, des contractions la nuit, j’en ai déjà eu plusieurs fois, il faut attendre s’il y en a une suivante.
Et voilà, la suivante est là à 22h15, juste 20 minutes après la première. On se regarde mon amoureux et moi avec des sourires plein les yeux… Serait-ce pour ce soir ?
La troisième contraction arrive 10 minutes plus tard, à 22h25. On se dit qu’on va quand même attendre de voir s’il y a une suivante pour appeler Evelyne. Suivante qui arrive avec la régularité d’un métronome à 22h35. On sonne à Evelyne et on décide de se mettre en route, juste le temps de gérer Eglantine. Passage chez les voisins pour laisser le baby phone, sonner à ma sœur qui va venir la chercher… Je culpabilise tellement de laisser ma petite fille, de ne pas l’avoir prévenue… mais je ne pouvais pas savoir que ce serait pour ce soir-là…
Les contractions se suivent, se rapprochent et toujours mon homme, merveilleux, qui m’accompagne, qui m’aide à me prolonger dans notre maison, notre voiture…
A un moment, j’ai l’impression de n’avoir pas assez de répit entre deux contractions. « S’il vous plaît, laissez-moi respirer un peu… attend un peu avant la suivante… oh non, pas déjà… »
Le dernier rond-point avant d’arriver… Là, j’ai envie de pousser mais j’essaye que non, on va arriver…
Une contraction me retord le ventre sur le seuil de la maison de naissance. Je monte vaille que vaille l’escalier et j’ai l’impression d’enfin respirer quand j’entre dans la chambre de travail. « Que c’est bon d’être là ! » Il est 23h10…
Je vais aux toilettes, perds enfin les eaux puis grimpe à quatre pattes sur le lit, toujours tenaillées par ces contractions qui n’en finissent pas. J’adopte spontanément une position similaire à celle prise pour Eglantine, sauf que cette fois, je suis plus tendue, moins en boule.
Je pousse une fois, deux fois, et là, j’ai l’impression que mes entrailles se déchirent. Gengoux s’exclame « le voilà, il est là, sa tête est sortie ». Je sens tellement d’amour, d’excitation et de fierté dans sa voix que ça me bouleverse. Je me dis « Mais non, pas déjà, on est là depuis tellement peu de temps… » Encore une contraction pour faire sortir le corps de mon fils… il est 23h25 ! ( Gengoux me racontera le cordon autour du cou de mon bonhomme et l’intervention assez impressionnante d’Evelyne qui fait passer ce cordon autour de la tête de mon bébé)
Et te voilà mon Merlin. Petit bonhomme d’amour qui depuis 9 mois déjà enchante nos vies. Comme il y a 16 mois lors de la naissance de ta grande sœur, je te regarde ébahie, mon cœur au bord de l’explosion tant je suis fière du travail que nous avons accompli à trois. Quel voyage as-tu fait mon Merlin et à quelle vitesse… Tu avais sûrement envie de recevoir des bisous le plus vite possible ! Alors je te couvre de bisous et de câlins… On l’a bien mérité ! Mon fils est né et je n’en reviens toujours pas de cette rapidité, de ce miracle qu’est la vie.
Maman