09 Oct Naissance d’Antoine – 9 octobre 2007
La « naissance heureuse » de Titou, à l’Arche de Noé
Cette naissance est l’aboutissement d’une préparation, qui a commencé avant même la conception de Titou, quand je suis devenue mère pour la première fois. J’ai tout de suite recherché comment accompagner mon enfant de la manière la plus respectueuse possible, dans la vie, que ce soit par l’écoute, l’allaitement long ou le cododo.
Titou a bénéficié de ce lent cheminement qui m’a permis, avec l’aide des sages-femmes de l’Arche de Noé, de lui offrir le plus doux des départs dans la vie !
Nuit de dimanche 07 à lundi 08 Octobre 2007:
J’ai pas mal de contractions, non-douloureuses et pas très régulières. Je sens que la fin approche, je suis presque à 40 semaines de grossesse et je suis partagée entre deux sentiments : je suis contente d’avoir mené mon bibou jusque là parce que pour Simon, la poche s’était fissurée à 38 semaines et j’avais été provoquée, à l’hôpital. D’autre part, je suis assez impatiente de voir la frimousse de mon Titou et je me sens lourde, à la limite impotente 😉
Je ne dors pas beaucoup cette nuit-là. Je me sens à la fois très fatiguée mais également capable de parcourir un marathon, ça me rassure : je sens que j’aurai l’énergie nécessaire quand le moment sera venu.
Entre deux contractions, je réfléchis à tout ce que j’ai prévu pour le jour J., les huiles essentielles, l’homéopathie, les vêtements, etc. Ça fait un mois que je bois consciencieusement ma tisane de framboisier et que je prends mes granules. Depuis cette semaine, j’ai rajouté des clous de girofles, de la cannelle et du gingembre, aux feuilles de framboisier et je sens que ça travaille bien du côté de mon col.
Matin du 08 Octobre.
J’accompagne Loulou à l’école, les contractions sont toujours discrètes mais présentes. Je rentre, je prends un bain. Les contractions continuent. J’en parle au Papa, on se dit que le moment de la rencontre se rapproche, sans se douter qu’il l’est bien plus qu’on ne le pense !
On récupère Loulou à midi. L’après-midi continue calmement. Je reprends un bain. Les contractions se maintiennent. Une douleur qui vient dans les reins, le ventre qui durcit, je sens que ça tire sur mon col. Je suis contente parce que la douleur est moindre et je me dis que c’est toujours ça de pris pour le « jour J. »
17h30. Je me dis que je vais quand même passer un coup de fil à Evelyne, pour lui dire que ça contracte depuis un moment et voir ce qu’elle en pense. En effet, comme j’ai été provoquée pour le premier, je ne sais pas à quoi ressemble un travail spontané. Elle m’invite à venir jusqu’à la maison de naissance pour qu’elle m’examine.
Mamy vient à la maison pou rester avec Loulou. Je soigne les chevaux et on part pour Namur.
J’ai cinq contractions sur le trajet, qui dure une vingtaine de minutes. La dernière me prend sur le parking. Je ne sais plus les ignorer, la douleur s’est intensifiée, je dois bien souffler, penchée en avant car elles viennent toujours par les reins.
Evelyne nous accueille. Verdict : col ouvert à 4 bons cm, elle nous garde ! Ça me semble un peu irréel, j’ai du mal à réaliser que je suis « en travail » et surtout que je gère la douleur si facilement.
19h 30, nous prenons nos quartiers dans la chambre de naissance. Je gère les contractions à 4 pattes, penchée sur le ballon. On met un cd de musique relaxante : le bruit des vagues de l’océan. Je trouve ce son en parfait accord avec mes propres vagues.
Je suis impatiente d’aller dans le bain. J’ai amené mon tapis à bulles, l’huile relaxante à la lavande et de l’huile essentielle de Palmarosa, pour me relaxer et avoir des contractions efficaces. Je me sens comme une reine, dans mon jacuzzi, enivrée par l’odeur de la lavande. Evelyne allume des petites bougies qu’elle dispose un peu partout. L’ambiance est parfaite : lumière tamisée, musique zen, parfum de plante.
Je suis dans un état second. Je commence à comprendre toute la signification de la « bulle » dans laquelle rentre la mère en train d’accoucher. Une fée me rend visite un bref instant : Isabelle Brabant en personne ! Quel meilleur gage d’une naissance heureuse à venir puis-je avoir ?!
Après ¾ d’heure, E. m’examine dans le bain : 6 bons cm. Dans ma tête, je suis déjà à 7. Je recherche les contractions, que je continue à prendre comme des vagues, que j’escalade en soufflant longuement. La douleur s’estompe quand je termine de me vider de mon air.
Après le bain, j’alterne les positions : à 4 pattes avec le ballon, sur le ballon, en appui sur mes bras, penchée sur l’appui de fenêtre. Le col évolue bien mais Titou n’a pas l’air de vouloir descendre. Selon la courbe de durée pour l’accouchement « normal » d’un deuxième bébé, il est censé arriver vers minuit…
Il est toujours en postérieur, le dos collé à celui de sa môman, du côté droit. Il doit donc parcourir un chemin plus long et se tourner avant de s’engager dans mon bassin. Evelyne me place dans une position spécifique, couchée sur le lit, pour « obliger » Titou à se placer comme il faut pour plonger dans le bassin. Je reste plus ou moins une heure dans cette position, jusqu’au moment où je ressens l’envie de pousser. La poche des eaux avance dans mon vagin. Les contractions sont suivies de cette envie de pousser irrépressible. Evelyne me l’avait décrite comme une envie de vomir à l’envers et c’est tout à fait ça. Je ne l’avais pas ressentie pour la naissance de Loulou à cause de la péridurale.
C’est une sensation incroyable : sentir son corps travailler de cette manière, comme un chef d’orchestre, commandant les contractions et la poussée. Titou n’est pas pressé de descendre. Evelyne me dit « celui-là, c’est un qui ne faudra pas brusquer, il a envie de prendre son temps ».
J’essaie de ne pas céder au désespoir qui m’assaille à plusieurs reprises. Je pensais que tout irait vite vu la rapidité avec laquelle le col a évolué et je m’attendais à ce qu’elle me dise qu’on voyait ses cheveux alors qu’il était encore tout en haut, idem quand j’ai eu envie de pousser. Je me recentre rapidement, je repousse la fatigue au loin. Il faut que j’aide mon bébé à continuer sa route.
Le Papa est présent depuis le début, discrètement. Il est « à mon service » (après tout, Evelyne avait dit que pendant l’accouchement, je serais traité comme une reine 😉 !) : il me masse avec de l’huile, me donne à boire, remet le cd de musique, l’intendance est parfaite !!!
Je change de position. Avec la poussée, j’étouffe, j’ai envie d’air frais. Je me place à la fenêtre ouverte. L’air de la nuit me revigore, le jardin est calme et silencieux. Je pousse debout mais j’ai l’impression que ce n’est pas du tout efficace, à 4 pattes non plus. Je m’assieds sur la chaise d’accouchement. J’arrive à mettre plus de force dans ma poussée, en m’arc-boutant sur mes bras et sur mes jambes. Je me fatigue beaucoup. J’ai l’impression que je ne vais pas tenir le coup. Evelyne me dit de pousser encore plus fort, de chercher « là où ça fait mal » parce qu’à chaque fois, Titou descend et puis remonte. Je passe par divers sentiments, de détermination, de découragement puis enfin de colère. À chaque poussée, j’ai l’impression de mettre « tout ce qui me reste » et pourtant à la contraction suivante, j’arrive à pousser encore plus fort. Je pousse pendant une heure et le plus dur arrive.
La poche des eaux finit par se rompre. Je ressens un bref soulagement, comme une baisse de pression mais les contractions deviennent plus douloureuses. Je suis épuisée et je me prépare à franchir l’ultime obstacle.
Mon périnée est en feu, j’ai l’impression qu’on me verse de l’acide dessus. Un bref instant, je manque de tomber dans les pommes, submergée par cette douleur. Il faut que je me décide à pousser au-delà de ce que je crois possible, parce que je ne vais pas tenir longtemps avec cette douleur. Je broie les mains de mon homme, je me pousse au fond de la chaise, je ferme les yeux et enfin, après quelques essais, je sens la tête de Titou qui passe, puis son corps. Il est 4h44 du matin.
Il sort le visage vers le haut, il ne s’est donc pas retourné malgré la petite gymnastique que je nous ai imposée pendant le travail. Il râle, il s’étrangle un peu, il recrache du liquide avec un peu de sang. Le pauvre, il a bu la tasse avec tous ces va-et-vient ! Avec l’aide d’Evelyne et Thérèse, je me couche sur le lit et je le pose sur mon sein. Il rouspète pendant plusieurs minutes, comme s’il nous racontait son voyage, long et chaotique. Il ne pleure pas, on dirait vraiment qu’il s’exprime.
Ensuite, il s’apaise et semble comprendre qu’il y a quelque chose qui l’attend… Après quelques essais, il commence à téter, d’abord tout doucement, puis avec force.
Quand le cordon a fini de battre, je le coupe avec le Papa. Une demi-heure après la sortie de Titou, j’expulse le placenta en deux ou trois contractions. Mon utérus est vide. Une aventure se termine et une autre commence !
Evelyne décide de ne pas me recoudre, mon périnée s’est un peu déchiré, en suivant la cicatrice de mon ancienne épisiotomie.
On attend (longtemps !) que Titou ait fini sa première tétée. Ensuite, Thérèse l’habille sur mon ventre et Evelyne me débarbouille un peu. Mon homme part chercher Loulou à la maison.
Evelyne et Thérèse se retirent, prendre un repos bien mérité. Bénédicte, qui assure la consultation arrivera dans une heure. Elle a déjà un rendez-vous de moins ce matin, vu que je devais la voir en consultation prénatale à dix heures.
Je suis seule avec mon Titou dans la maison de naissance. Tout est paisible. Je savoure ce moment.
Loulou arrive enfin avec son Papa, il entre émerveillé dans la chambre. Il a grandi en une nuit. J’ai laissé mon petit garçon hier soir, je retrouve un grand frère, déjà tout emprunt de douceur et de tendresse envers son petit frère.
Bénédicte passe nous demander ce que nous voulons pour le déjeuner et part au marché, nous chercher de quoi nous concocter un bon dîner ravigotant. Le service est vraiment cinq étoiles !
Et voilà, notre vie à 4 a commencé, sous la bienveillance des fées de la naissance !
Merci de nous avoir permis de vivre un tel moment !