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Témoignages
de la maman d'Artus
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La naissance d'Artus
La maison de naissance, c’est... Comme
accoucher à la maison, mais sans avoir à se
taper tout le ménage après. C’est accoucher
en toute confiance avec des sages-femmes qui ne sont là
que pour toi et ton bébé. C’est avoir
toute l’attention pour toi, rien que pour toi, et
hurler ta douleur sans honte. C’est pouvoir rentrer
dans ton cocon, ton chez toi, dès les premières
heures de bébé, sans passer de longs jours
tristes et froids dans une chambre d’hôpital
impersonnelle. J’ai adoré le suivi. Juste 3
sages-femmes, que tu vois en consultation en alternance,
parce que personne ne peut savoir qui sera de garde le jour
où bébé pointera le bout de son nez.
Le tutoiement est de rigueur dès la deuxième
visite : il n’y a rien à faire, ça détend.
Et la consultation... Une petite pièce douillette,
des fauteuils confortables, et surtout, surtout, une heure
entière à papoter. De tout. De toi, de ton
bébé, de ton environnement familial, du sien,
de tes peurs, de ton passé, de ton homme - lequel
est le bienvenu. A la maison de naissance, on ne fait pas
qu’accoucher. Des tas de préparations différentes
sont proposées. Pour cause d’emploi du temps
déjà rempli par Mini1 et Mini2, j’ai
seulement choisi la préparation ballon : des séances
pour faire des étirements, faire travailler son corps
en douceur dans l'optique de l’aider à mieux
supporter les petits maux de la grossesse et de se préparer
à l’accouchement. Le papa a aussi voulu apporter
sa contribution : ensemble, nous avons suivi des séances
de ballon-couple, où on apprend des positions pour
accompagner les contractions et le passage de bébé
(papa indispensable pour se souvenir de tout le moment venu),
et une séance de préparation à la douleur.
Loin du cliché de dizaines de femmes haletant de
concert, il s’agit là d’apprivoiser la
douleur par des mots, pour la sortir de soi, y compris le
jour J. Le principe est simple : moins on a peur, moins
on a mal. Cela étant, ya pas de miracle, ça
douille quand même. Au final, le ballon-couple ne
nous a pas servi des masses. Après des semaines d’une
interminable attente, Mini3, qui semblait décidé
à profiter au max son séjour in utero, est
rentré d’un seul coup dans le vif du sujet.
A minuit pile, comme s’il avait attendu d’être
sûr de naître le même jour que sa mamie.
A minuit pile donc, alors que rien ne le laissait présager,
je perds les eaux. Je sonne illico à la sage-femme
de garde, Evelyne, qui me dit d’attendre de voir si
je vais avoir des contractions. A peine avons-nous raccroché
que c’est parti. Une contraction toutes les 2 à
3 minutes. Autant dire qu’avec la poche rompue, j’étais
tellement tenaillée par la douleur que je n’ai
pu que m’écrouler comme une loque, à
quatre pattes sur mon ballon. Impossible de mettre en application
les exercices enseignés par Françoise. Au
bout d’une heure de ce régime, je me dis que,
même s’il ne me paraît pas très
charitable de la réveiller encore une fois, ce serait
peut-être pas mal de rappeler ma sage-femme, histoire
de la tenir au courant. “Ha quand même”,
lâche-t-elle quand je lui indique la fréquence
des contractions. Un long quart d’heure plus tard,
nous nous retrouvons devant la maison de naissance. A partir
de là, tout n’est plus que nébuleuse
et flou artistique. D’autant plus que je ne suis pas
un oiseau de nuit, moi. Le sommeil, c’est sacré.
Mini3 a eu tôt fait de me le faire ressentir. Je me
souviens avoir attendu à peine quelques minutes qu’Evelyne
prépare la chambre. Je me souviens m’être
traînée sur le lit. Je me souviens avoir passé
pas mal de temps à quatre pattes, appuyée
sur le ballon, pour pouvoir balancer sur chaque contraction.
Je me souviens avoir geint, gémi, hurlé, pesté,
vociféré, éructé une quantité
incroyable de mots fleuris et moins fleuris. Il paraît
que dire qu’on a mal aide à avoir moins mal.
Heureusement. Je me souviens d’un long moment dans
la baignoire, couchée sur le côté, à
labourer les avant-bras de mon homme. Je me souviens d’Evelyne
lui apportant un café alors qu’il piquait du
nez, prêt à m’y rejoindre malgré
lui. Je me souviens d’avoir usé et abusé
de mon écharpe de portage, pour m’étirer
au maximum à chaque contraction. Et puis... Et puis
le jour a commencé à se lever. J’étais
épuisée et je n’avais plus la force
de tenir à quatre pattes. Et, surtout, je ne sentais
pas ma poussée. Alors, comme les deux autres fois,
j’ai fini sur le dos, à mon grand désespoir,
moi qui aurais voulu accoucher autrement. Mais, arrivée
à un certain stade, la seule façon de mettre
fin à la douleur, c’est de le sortir vite fait,
ce bébé. Enfin, vite fait... J’ai quand
même pris le temps d’une petite sieste. Combien
de temps ? Je ne sais pas. Quelques contractions en tout
cas. Pendant tout ce temps, Evelyne nous a gratifiés
d’une présence discrète. A certains
moments elle était avec nous, à me conseiller,
à me masser le dos ; à d’autres, au
contraire, elle nous a laissés dans notre intimité
- je crois. Et puis Agathe est arrivée pour l’épauler.
Toutes deux m’ont vraiment facilité la tâche,
notamment sur le plan technique, en massant mon périnée,
en le recouvrant de compresses chaudes. La douleur est devenue
insoutenable, j’ai failli perdre pied, j’avais
tellement mal, je ne savais plus quoi faire. Elles m’ont
transmis leur calme et leur confiance. Et enfin, au petit
matin, mon koala est arrivé, tout tranquille. Un
vrai petit marathonien. Après ? Je ne m’en
souviens pas beaucoup plus, occupée que j’étais
à roucouler et admirer ma progéniture, mon
fils, ayayaye, le plus beau des petits garçons du
monde. Nous avons bullé sous la couette un certain
temps. J’ai pris une douche rapide, avec l’aide
d’Evelyne. Elle nous a apporté les croissants,
et j’ai pris mon petit déj au lit tout en donnant
à mon petit ange sa première tétée.
Puis elle nous a commandé un couscous et est partie
se reposer chez elle pour ne revenir qu’en fin d’après
midi. Nous aurions pu rester sur place encore une nuit,
mais j’ai préféré rentrer à
la maison le soir même. Mes filles piaffaient d’impatience
de voir leur petit frère, et moi d’être
là, pour elles, même sans m’en occuper.
Les grands parents ont tous déboulé en même
temps ; je les ai laissés prendre les rênes
de ma maison, et fêter ensemble la naissance de leur
petit-fils en même temps que l’anniversaire
de ma quasi-maman. La semaine suivante, Agathe est venue
me voir chaque jour, nous prodiguant à mon koala
et à moi les soins nécessaires, mais aussi
apportant son aide précieuse, son écoute,
ses conseils. Et, franchement, faire ses premiers pas de
maman, accompagnée par une professionnelle, chez
soi, c’est inestimable. Un premier bain donné
à la maison n’a rien à voir avec celui
qu’on donne à la maternité. Par la suite,
elle a été disponible pour moi à tout
moment, au téléphone, pour me soutenir dans
mes débuts d’allaitement très difficiles.
Je pense que c’est en grande partie grâce à
elle qu’à presque 1 an, mon koala profite toujours
du lait de sa maman. De cet accouchement, je garde surtout
le souvenir d’un immense calme. La lumière
était tamisée, la musique, douce. Nulle précipitation,
nulle agitation. Une chambre douillette, des voix posées.
Des mains chaudes, rassurantes, apaisantes. Un bébé
réellement accueilli.
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