Dès que nous avons appris que tu grandissais
en moi, ton papa et moi avons souhaité t’accueillir à
la maison de naissance de Namur, comme ton grand frère.
La rencontre avec lui avait été si belle, si tendre et
intime dans ce cocon particulier, accompagnés par Evelyne,
que nous espérions y retourner pour ton arrivée.
Je craignis un peu au cours de ma grossesse
de ne pas arriver jusqu’au terme, je me reposais donc
beaucoup pour atteindre les 37 semaines nécessaires afin
d’accoucher à la MDN. Vers la fin du 9e mois,
tout se présentait au mieux et nous n’attendions plus
que ton signal pour nous y rendre. Le matin du 2 juillet,
alors que nous venions de conduire ton frère à la crèche,
je ressentis des contractions douloureuses toutes les
20 minutes pendant une bonne heure. Papa et moi imaginions
déjà que tu arrivais… mais après quelque temps, tout se
calma : tu décidas de rester encore au chaud. Papa et moi profitâmes de cette semaine-là pour ranger
et nettoyer la maison, passer du temps avec ton frère,
préparer tes petits vêtements et nous reposer autant que
possible.
Le lundi 8 juillet, c’était mon anniversaire
de 33 ans, je remarquai des contractions en conduisant
ton frère à la crèche avec Papa. De retour à la maison,
elles se rapprochèrent : elles n’étaient plus espacées
que de 15 minutes. Je pris un bain « test »
pour différencier cet épisode d’un éventuel faux travail
et après environ 2 heures, tout se calma. Papa n’osait
pas proposer la moindre activité, de peur de tout déclencher,
mais j’insistais pour sortir et profiter de cette première
chaude journée d’été après un printemps maussade pour
aller chercher le sable qui manquait encore pour terminer
le bac à sable de ton frère, au jardin. Nous eûmes juste
le temps d’aller l’acheter avant de partir pour notre rendez-vous de 16h
à la MDN pour le monitoring de la 40e semaine.
Evelyne constata que d’après le monito, je
n’avais pas vraiment de contractions, les douleurs que
je sentais de temps à autre étaient plutôt une sorte de
tension qui durait plusieurs minutes. Ton cœur battait
parfaitement et mon col était ouvert à 4 cm, mais comme
nous l’expliqua Evelyne, cela n’était pas indicatif de
la proximité de l’accouchement : tu pouvais arriver
le soir même, ou au contraire prendre encore des jours
avant de t’annoncer. Nous rentrâmes donc à la maison vers
17h, pour chercher ton frère à la crèche. Sitôt de retour,
Papa se lança dans le remplissage du bac à sable pour
le plus grand plaisir de ton frère. Je m’assis à l’ombre
du parasol d’où je prenais des photos des travaux sabliers.
Je continuais à sentir des contractions éparses, douloureuses
mais très supportables, comme j’en avais ressenti de temps
à autre les derniers jours et surtout le matin même.
Vers 19h20, je décidai d’aller prendre un
bain « test » et en même temps de laver ton
frère de tout le sable dont il était rempli.
J’rentrai dans l’eau vers 19h45, et je crus d’abord
que le travail s’était arrêté car les contractions rapprochées
de 10’ connurent une brève pause. Puis, vers 20h05, elles
reprirent. Elles étaient douloureuses, mais encore supportables :
je n’osais pas encore croire que c’était bien toi qui
t’annonçait. Entre-temps, Bonne Maman était arrivée pour
me souhaiter bon anniversaire ; Papa lui demanda
de s’occuper de ton frère ce soir-là. J’appelai Evelyne
à 20h44, pas encore persuadée que le véritable travail
était en route. Comme je doutais, elle me proposa de la
rappeler quelques minutes après, au milieu d’une contraction,
pour qu’elle puisse m’entendre. Comme je raccrochai, ton
Papa me dit « Tu doutes encore que ce soit ça ?
Moi pas ! ». Soudain je réalisai qu’il serait
hautement improbable de voir des contractions aussi fortes
s’arrêter tout d’un coup. A 21h, j’embrassai ton frère qui partait dormir chez Bonne Maman,
et je rappelai Evelyne en lui disant « Maintenant
je ne doute plus, on arrive ! ».
Le temps de rassembler nos esprits et de fermer
la maison, nous démarrâmes vers 21h10. Les contractions
étaient de plus en plus rapprochées, entre 8 et 5 minutes.
Papa trouva encore l’énergie de plaisanter « heureusement
que le rodage de la voiture est fini, on va pouvoir foncer »,
mais il n’en menait pas large. Je tentai de le rassurer
en lui disant « au moins, elle n’aura pas le même
anniversaire que moi, elle naitra le 9 » et lui,
avec beaucoup de doutes dans la voix, « ah tu crois ? ».
Sur le chemin, les contractions se firent de plus en plus
fortes. Arrivés sur les hauteurs de Bouge, je me tordais
dans la voiture aux côtés de ton Papa, inquiet et hyper-concentré
sur la conduite.
Nous arrivâmes vers 21h35 à la MDN où Evelyne
nous attendait tandis qu’un autre accouchement était en
cours. J’étais tellement émue que je me mis à pleurer
dans ses bras, puis je rassemblai mes forces pour grimper
l’escaler entre deux contractions. Papa me fit couler
un bain où je me plongeai sans attendre, puis Evelyne
m’examina et m’annonça que le col avait 8 cm d’ouverture !
Je n’en revenais pas, mais je n’eus pas le temps de réaliser :
les contractions se succédaient si rapidement que je n’avais
presque aucun répit entre deux. Je demandais à boire,
j’avais soif, mais j’avais du mal à trouver quelques secondes
sans contraction pour pouvoir boire une gorgée à la paille.
J’étais submergée par la douleur et j’avais beaucoup de
mal à me détendre pour accueillir les contractions et
les laisser agir, alors Evelyne resta à mes côtés pour
m’encourager et me rappeler de respirer calmement, de
penser à toi, mon petit bébé qui arrivait, et d’être à
tes côtés dans les contractions. Les quelques fois où
je parvins à me calmer, la contraction passa bien mieux.
Dès notre arrivée, évaluant que tu serais
le premier des deux bébés à naitre cette nuit-là, Evelyne
apporta le chariot de naissance. Ton Papa ne lâchait pas
ma main, il me parlait sans cesse et m’expliquait ce qui
se passait. « Tu es en train d’accoucher, on va avoir
un bébé, bébé est presque là, tu fais ça très bien, ça
va super vite, elle sera bientôt là… » C’était bien
utile car tout allait trop vite pour que je réalise. Je
sentis un moment un « plop », comme le bouchon
d’une bouteille de champagne qui saute, et Evelyne me
signala que je venais de perdre les eaux. Quelques minutes
après, elle me dit que je devais choisir d’accoucher dans
l’eau ou sur le lit. Je répondis qu’on avait encore le
temps, surement, pour décider ça ? Et ton Papa me
dit que non, que tout allait très vite et que tu serais
bientôt là… je choisis de sortir du bain et je me mis
à quatre pattes sur le lit pour pousser, pendant que les
mains de Papa me réchauffaient le ventre pour aider les
contractions à passer. Je poussai 4, 5 fois : je
sentais tout mon bassin s’ouvrir, ta tête passer et soudain, Evelyne guida ma main pour sentir
ta tête entre mes jambes. Une dernière poussée, et tu
étais là. Tu crias aussitôt. Je me couchai sur le dos
et Evelyne te posa sur moi. Il était à peine 22h23. Papa
et moi étions si émus et bouleversés par ton arrivée !
Surpris aussi, par sa rapidité. Quelques minutes après,
après avoir ouvert un œil pour regarder mon visage, tu
trouvas le sein et pris ta première tétée. Tu tenais très
bien ta tête. Papa se mit à appeler tes grands parents
pour leur annoncer ton arrivée ; la plus surprise
fut Bonne Maman qui en nous quittant à 21h n’imaginait
pas être grand-mère moins de deux heures après. Tous étaient
heureux et émus d’apprendre la nouvelle et de découvrir
ton prénom.
Cette nuit-là, tu dormis entre nous dans le
grand lit où tu étais née.
Nous passâmes une grande partie de la nuit à te
regarder dormir ; je n’osais pas m’endormir car je
voulais veiller sur ton sommeil. Tu pris un bon nombre
de tétées avant le matin. Nous rentrâmes à la maison le
soir vers 16h, à temps pour chercher ton frère à la crèche :
il ne s’était même pas vraiment aperçu de notre absence.
Comme pour ton grand-frère, ce fut Evelyne
qui accompagna ta naissance et t’accueillit. Sa présence,
ses encouragements, son accompagnement de ton arrivée
furent précieux, attentionnés, attentifs et bienveillants.
Nous sommes aussi reconnaissant envers elle,
Bénédicte et les autres SF pour leur accueil et leur chaleur
tant au long de ma grossesse que lors de ton arrivée.
Et qui sait, peut-être aurons-nous encore l’occasion de
retourner un jour à la maison de naissance…